samedi 14 juin 2008

DRANEM ALICE GUY PHONOSCENE

" Comment DRANEM peut-il avoir le toupet de débiter devant un public hilare les inepties de son répertoire ? La bêtise volontaire poussée à ce point confine au génie ". Boris Vian.

DRANEM ALICE GUY PHONOSCENE





DRANEM, de son vrai nom Charles Armand Ménard, est un chanteur et fantaisiste français né à Paris le 23 mai 1869, rue Château-Landon.

Son répertoire inepte de chansons idiotes (et scabreuses) a fait de lui une des vedettes les plus populaires du café-concert.


Fils d'un artisan-joaillier, le café-concert l'attire très tôt. En septembre 1890, il se lance sur les planches d'une société d'amateurs de son quartier, La Verrerie.
Après le service militaire, il devient commis chez un marchand de bretelles, puis vendeur d'instruments orthopédiques. Le soir, il va entendre les vedettes du caf'conc' : Mayol, Kam-Hill, Ouvrard, Libert, Polin et continue de se produire à la Verrerie.

Il décide de se trouver un nom de scène en retournant le sien : MÉNARD devient DRANEM.

Henri Moreau, un auteur dramatique client du kiosque à journaux que tient sa mère, le recommande au directeur de La Gaîté Montparnasse. L'audition est un échec.
Dranem tente sa chance de caf' conc' en caf' conc'. Partout il est refusé.
Le 1er avril 1894, il est engagé à l'Electric-Concert du Champ de Mars comme comique troupier " genre Polin ". Il ne convainc guère et son cachet est réduit deux jours après.
Néanmoins, le directeur de La Gaîté Montparnasse retourne l'écouter, trouve qu'il progresse et l'engage dans un autre établissement qu'il dirige : Le Concert Parisien.

Un jour de 1896, au Carreau du Temple, il s'achète une petite veste étriquée, un pantalon trop large et trop court, jaune rayé de vert, d'énormes godasses sans lacets et un petit chapeau bizarre. Le soir même, il abandonne son costume de comique troupier et revêt cet étrange accoutrement. Les joues et le nez maquillés de rouge, il entre en scène en courant, comme poursuivi. Il s'arrête devant le trou du souffleur et chante les yeux fermés, qu'il n'ouvre que pour simuler la frayeur de débiter pareilles incongruités.
C'est un triomphe. Le genre Dranem est né.

En 1900, il se produit à l'Eldorado, le temple du café concert. Il y restera plus de vingt ans.
Au lendemain de leur création, tout Paris reprend ses " scies ": "Le fils d'un gniaf", "J'ai deux quetschiers dans mon jardin", "Les petits pois", "Pétronille, tu sens la menthe"," Le trou de mon quai", "Les fruits cuits"...

Il excelle aussi dans le monologue comique.

Dranem enchaîne tournée sur tournée, en province et à l'étranger. Partout c'est le délire. Les intellectuels ne boudent pas ce favori du public populaire: en 1910, l'exigeant metteur en scène Antoine lui fait jouer "Le médecin malgré lui", de Molière, à l'Odéon. La critique est dithyrambique.

En 1911, il fonde la maison de retraite de Ris Orangis pour les anciens du spectacle, qu'inaugure le président Armand Fallières.Pendant la grande guerre, il chante dans les hôpitaux et fait ses adieux au tour de chant à l'Eldorado le 23 octobre 1919.

Il se tourne d'abord vers le théâtre, puis vers l'opérette. Il partage l'affiche avec Maurice Chevalier dans
"Là-Haut" et brille dans de nombreuses comédies musicales écrites par Albert Willemetz.

Dranem fait aussi beaucoup de radio.
Dans une de ses émissions, en chef de cuisine, il aura pour marmitons les duettistes Charles et Johnny.

En 1923, il épouse Suzette O'Nil, de qui il divorcera en 1931.

En 1924, il publie un roman : "Une riche nature".

vendredi 13 juin 2008